Historique de la Loge

Voici ce qu’a écrit un membre fondateur :

C’était en décembre 1996, dans mon appartement du Mont Vénus. Une douzaine de frères de Fraternité Australe avaient été invités pour leur proposer la création d’une nouvelle loge de la Grande Loge à Nouméa. C’était dans l’air : depuis quelques années, toutes les autorités tant de la Grande loge que du Suprême Conseil de passage à Nouméa conseillaient ou suggéraient un essaimage. Les effectifs de Fraternité Australe augmentaient, il devenait impossible de faire travailler tout le monde ; et il faut bien dire enfin que l’ambiance de notre Loge Mère n’était pas au consensus. Deux des frères invités se sont récusés, sans pour autant désapprouver le projet. Pour les autres, rendez-vous était pris pour le mois de mars afin de commencer l’aventure.

Car c’est bien une aventure : créer une loge n’est pas simple, faire en sorte qu’elle soit pérenne l’est moins encore : il ne s’agit pas de rassembler un ensemble disparate de frères mécontents pour des raisons diverses, il faut faire vivre ensemble un groupe décidé à construire quelque chose de durable fondé, donc sur une volonté commune.

Nous nous sommes donc retrouvés à la rentrée de mars 1997 pour mettre en route la procédure : demande d’autorisation de création d’une loge provisoire auprès de la Grande Loge de France, et dans le même temps mise en place des structures de cette loge : collège provisoire, création d’une association profane avec toutes les formalités que cela comporte (dépôt des statuts, ouverture d’un compte en banque, location d’une boite postale). L’autorisation nous fut donnée assez vite, et nous décidâmes de nous réunir une fois par mois au moins pour discuter ensemble des problèmes qui se présentaient ; nos réunions avaient lieu alternativement chez ceux des frères qui pouvaient nous accueillir tous, et se terminaient bien sûr par de fraternelles agapes. Quelques frères mis au courant de notre démarche nous ont rejoints en cours de route, ce qui a porté à seize le nombre total de fondateurs le jour de l’intégration. Mais n’allons pas trop vite.

Nous avons d’abord choisi notre président : très vite l’accord s’est fait sur la personne du plus ancien d’entre nous, qui fut peut-être le dernier à se rallier à cette proposition. Après quelques jours d’hésitation, il accepta cette charge. Le choix du nom de la loge fut notre deuxième préoccupation. Après une séance de remue-méninges qui eut lieu dans la salle humide de l’ancien temple, où nous avons donné tous les noms qui nous passaient par la tête, nous avons procédé par élimination : les finalistes furent La Grande Case et Le Gaïac, qui fut retenu car plus consensuel. Le nom de La Grande Case fut ensuite repris par la loge en formation du Grand Orient, qui devait voir le jour avant nous.

Le choix des jours de tenue était plus restreint : il fallait s’accommoder des jours qui restaient libres : le triangle de la Grande Loge Féminine de France avait déjà retenu les mardis impairs, il ne nous restait que le lundi et le vendredi. Notre première idée avait été d’alterner les lundis et vendredis : deuxième lundi et quatrième vendredi si j’ai bonne mémoire, mais nous y avons renoncé finalement ; j’ai toutefois chez moi un projet de calendrier où ces deux jours sont programmés. Il fallut aussi rédiger un projet de règlement particulier, choisir un dessin pour notre sceau, commencer à acheter notre matériel.

Nous ne pouvions pas espérer recevoir notre patente au Convent de 1997, elle nous fut accordée par la Tenue de Grande Loge de la Saint Jean d’Hiver 1997. Nous souhaitions être intégrés au début du mois de mai 1998, pour pouvoir assister en tant que loge Le Gaïac aux allumages prévus de La Grande Case et de La Spirale du Pacifique. Le calendrier du Grand Maître de l’époque, Georges Komar, qui a tenu à présider la cérémonie, ne l’a pas permis. Avouez que l’année 1998 fut fertile pour la Franc-Maçonnerie calédonienne : trois loges ouvertes pratiquement en même temps. C’est nous qui fûmes les derniers.

Au mois d’avril 1998 nous écrivions encore au Grand Secrétariat pour faire ajouter les derniers noms à la liste des fondateurs qui furent en définitive au nombre de 16.
La cérémonie d’intégration fut donc décidée pour le mois de juillet. Ce fut ainsi le vendredi 10 juillet que Le Gaïac fut intégré à la Grande Loge de France.

Dix ans plus tard, beaucoup de frères manquent à l’appel. Certains ont quitté la Franc-maçonnerie, d’autres ont préféré travailler sur d’autres chantiers. Tous méritent notre reconnaissance pour avoir contribué à la construction de notre loge.

La première tenue solennelle du Gaïac après son intégration eut lieu le samedi 11 juillet dans l’après-midi, avec un ordre du jour bien précis : prise en considération de trois candidatures de profanes. Il fallait faire vite et les dossiers des profanes étaient déjà prêts à être envoyés. Nous avons réussi à les initier au début d’octobre, après une autorisation téléphonique du Grand Secrétariat, dont l’écrit n’était pas arrivé. Bien plus que lors de la cérémonie d’intégration, c’est à cette tenue que nous avons eu le sentiment d’aboutissement de tout ce long travail en commun. D’où une euphorie difficilement descriptible. Je vous souhaite à tous, mes Frères et mes Sœurs, de connaître un jour ce sentiment, subtil mélange de joie, de fierté et d’espoir. Il est des moments où l’on peut parler de communion entre Frères en Franc-Maçonnerie, celui-là a été particulièrement intense.

L’espoir est toujours là, comme d’ailleurs la joie et la fierté. Dix ans après, notre bilan est plutôt satisfaisant, malgré quelques déceptions : si des frères sont partis, d’autres sont venus : 13 affiliations, 27 initiations. Sur cet ensemble, 7 frères ont démissionné, un autre a été radié. Aux dernières élections huit des dix officiers ont été initiés par la loge. Nous pouvons être contents et satisfaits, Le Gaïac est debout, solide sur ses racines, un bel avenir l’attend. Et pour reprendre la santé du Second Surveillant au Banquet d’Ordre, « puissent un jour nos Apprentis dépasser leurs Maîtres ».

 

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