Le gaïac est un acacia. Les savants le nomment Acacia spirorbis. Les premiers colons l’ont appelé « gaïac », car son bois est aussi solide et imputrescible que le gaïac de la lointaine Amérique, celui que les mêmes savants nomment Gaïacum Officinale.
Cette île du Pacifique rappelait la Calédonie, paysage écossais, ancien et accepté. Sur cette terre saignée par l’exploitation minière, où les bois précieux ont depuis longtemps disparu dans les cales des navires néo-zélandais, australiens ou japonais, où l’agriculture ancestrale se fait encore sur des brûlis, le gaïac survit. Mieux ! Il part à la reconquête des zone désertifiées, que l’érosion des pluies tropicales a rendues stériles. Sur ces espaces rougeoyants de latérite, la tache vert olive de sa houppe redonne l’espoir. Son tronc spiralé s’élance vers le ciel, comme une fumée d’encens, pour y chercher l’azote nécessaire qu’il ne peut trouver dans le sol.
Son bois depuis la nuit des temps est utilisé pour réaliser les poteaux des cases mélanésienne, symbole de l’union des clans qui fait la force de la tribu, réunie autour du pilier central qui représente le chef. Les premiers déportés et leurs gardiens l’utilisaient pour réaliser des pièces mécaniques qu’ils auraient façonnées en fer, tant ce bois est dur. Les fermiers en font des poteaux de barrière, laissant au gaïac le soin de garder les troupeaux.
Et quand le soleil d’hiver décline sur les montagnes, les chasseurs se réchauffent à son feu, sarabande de lutins en flammèches qui retournent aux étoiles, abandonnant cette braise à nulle autre pareille pour cuire à point le cerf et la patate douce.
Sous le ciseau du sculpteur, sa couleur brune, sa dureté, son grain évoquent la pierre polie. Sur les grappes d’or de ses fleurs viennent au printemps butiner les abeilles laborieuse, et bientôt coulera un miel savoureux.
Immense symbolisme donc de cet arbre d’allure modeste, trait d’union entre terre et ciel, force contenue de la nature face à la folie destructrice de l’Homme, traversant le temps sans s’altérer, utile à chaque instant :
- travail de l’abeille,
- travail du charpentier,
- travail du sculpteur …
Et puis ce nom !
Il commence par G , celui du pentagramme.
« Ga » est le symbole du Gallium, ainsi nommé car découvert par Lecoq, en latin gallus, l’oiseau des druides celtiques, celui qui montre l’origine des vents au sommet des clochers, celui du cabinet de réflexion, celui qui annonce la venue de la Lumière chaque matin.
Il continue par GAI , comme le savoir des bâtisseurs de cathédrales du Moyen-Age.
Il évoque GAIA , mère universelle de la mythologie des anciens.
GAÏAC, 5 lettres, qui, quand on sait que le C et le G furent longtemps la même lettre, composent aussi le mot ACACIA, avec ici une symétrie parfaite par rapport au I, I le fil à plomb, A le niveau.
Hiram venait peut-être de la Vallée du Tyr …